& 9 2.2. ‘MalaKIT/Curema’ : Interventions innovantes pour l’élimination du paludisme en forêt (Dre Maylis DOUINE) Au début des années 2010, il y avait environ 1 000 cas de paludisme par an pour une population de 220 000 personnes. L’intérieur du territoire guyanais est la zone géographique la plus touchée. Dans ces endroits peu habités, il s’agit essentiellement de paludisme forestier qui affecte des travailleurs forestiers, des militaires, des orpailleurs et la population locale amérindienne ou bushinenguée. DES DONNEES DE SURVEILLANCE TROMPEUSES : L’INQUIETANTE REALITE DU PALUDISME FORESTIER Des études menées en 2014 et 2015 ont dressé un tableau inquiétant de la situation : 1 orpailleur sur 4 était en effet porteur des parasites du Plasmodium sur les sites d’orpaillages [46 % à Eaux-Claires (étude du Service de Santé des Armées) et 22 % sur un échantillonnage plus large (étude du CIC Antilles-Guyane)]. Le parasite Plasmodium falciparum, qui est le plus mortel, était le plus fréquemment rencontré. Les études ont également révélé qu’une personne sur deux avaient recours au marché noir pour acheter des médicaments, essentiellement chinois, les privant ainsi d’un diagnostic fiable et d’un traitement certifié par le système de soins. La situation du paludisme forestier est d’autant plus alarmante que les chiffres ne reflètent pas la réalité. Des orpailleurs infectés partent de Guyane pour le Brésil ou le Suriname et sont diagnostiqués dans ces pays. Certains ne sont pas diagnostiqués. D’autres encore sont asymptomatiques (l’immunité partielle acquise leur permet d’être porteurs sains) et peuvent être transmetteurs de paludisme pour les autres. Le paludisme chez les orpailleurs pourrait même entraîner une résurgence de la maladie dans d’autres régions du plateau des Guyanes, au Brésil ou au Suriname. Sans compter l’apparition de parasites résistants aux dérivés de l’artémisinine ! MALAKIT : UNE NOUVELLE APPROCHE POUR LUTTER CONTRE LE PALUDISME FORESTIER « L’opération militaire Harpie menée contre l’orpaillage ne facilite pas l’accès à la santé des personnes à risque » (Dr Douine). Face à un contexte amazonien particulier, où il est difficile d’accéder à la population des orpailleurs, il a fallu inventer une stratégie de soins à base d’auto-diagnostic et auto-traitement. La trousse MalaKIT était née ! Cette trousse est imperméable, facilement transportable, et renferme trois tests de diagnostic rapide ainsi qu’un traitement complet du paludisme. Dès que le diagnostic est positif, il faut en effet pouvoir traiter (la malaria se distingue en cela de la dengue ou du chikungunya pour lesquelles seule la surveillance d'éventuelles complications est requise). Le projet MalaKIT s’est déployé entre avril 2018 et mai 2020, en collaboration avec le Suriname et le Brésil sur les fleuves frontière Maroni et Oyapock. Des équipes de médiateurs ont assuré la distribution « En Guyane, il y a des centaines de sites d’orpaillage sur un territoire difficile d’accès » (Dre Douine) « Pour contrôler le paludisme, il faut donner accès au diagnostic et aux traitements dans les 48 heures » (Dre Douine)
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