& 14 3.2. Etat d’avancement du développement du candidat vaccin contre le paludisme : R21/Matrix-MTM (Dr Magloire NATAMA) S’il y a bien des résultats positifs dans la lutte contre l’infection, comme au Suriname, nous sommes encore très loin de l’élimination du paludisme. La maladie a affecté 247 millions d’individus dans le monde en 2021, selon les chiffres de l’OMS : 96 % d’entre eux se trouvent en Afrique subsaharienne et 70 % des cas surviennent dans 11 pays africains, dont le Burkina Faso avec près 12 millions de cas. La maladie a entraîné 619 000 décès (96 % en Afrique), dont plus des deux tiers (67 %) chez les enfants de moins de 5 ans. Entre 2000 et 2010, il y a bien eu une réduction de l’incidence du paludisme, mais elle a été suivie par une phase de stagnation. L’OMS dans son plan stratégique 2016-2030 a fait le vœu qu’un vaccin ayant une efficacité de 75 % soit à disposition avant 2030. UNE PREMIERE ETAPE VERS UNE VACCINATION EFFICACE CONTRE LE PALUDISME Le premier vaccin antipaludique à voir le jour est le RTS, S ou ‘Mosquirix’. Il agit contre Plasmodium falciparum. Il cible la phase pré-érythrocytaire de l’infection, principalement l’antigène circumsporozoïte (CSP) du parasite. Entre 2009 et 2013, son efficacité a été testée chez 15 460 enfants dans 7 pays africains. Elle était de 36 % après 4 doses sur 48 mois et s’élevait à 56 % chez les enfants de 5 à 17 mois après un an de suivi. Elle s’est même révélée inférieure pour certains nourrissons de 6 à 12 semaines. Ayant ainsi constaté qu’il y avait possibilité de réduire les cas de paludisme dans les pays endémiques, l’OMS lança en 2019 des études pilotes dans trois pays, le Ghana, le Kenya et le Malawi. En octobre 2021, se basant sur les résultats de ces études, et malgré une efficacité du vaccin loin de celle escomptée, l’OMS recommandait pour la première le vaccin antipaludique RTS, S pour une utilisation généralisée chez les enfants en zone endémique. LE CANDIDAT VACCIN R21 C’est sur cette base que le candidat vaccin R21 a été développé. Il est très similaire au RTS, S. Il cible également la phase pré-érythrocytaire, c’est-à-dire la première étape du cycle de vie du parasite en l'interceptant avant qu'il n'atteigne le foie. La même protéine CSP de P. falciparum est ciblée par les deux vaccins. Cependant, ils se distinguent par une architecture moléculaire différente. Dans le RTS, S, l’antigène de surface de l’hépatite B a été utilisé comme matrice porteuse de la région de répétition centrale de la protéine CSP. Le vaccin R21, quant à lui, contient seulement la portion de protéine CSP. La protéine CSP de P. falciparum est ainsi beaucoup plus représentée sur la surface de la pseudo-particule virale de R21, offrant une présentation optimale au système immunitaire et facilitant probablement les fortes réponses d’anticorps anti-CSP (le RTS, S souffre d’une saturation de la réponse immunitaire induite par un excès des antigènes de surface du virus de l’hépatite B). Le choix de l’adjuvant a également son importance. Le Matrix-M (breveté par Novavax) du R21, qui est à base de « Nous sommes encore très loin de l’élimination du paludisme à l’échelle mondiale » (Dr Natama)
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